mardi 22 mars 2011

MILTON BECERRA > DRAWING NOW + GALLERY SOLO SHOW.

LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI

présente 2 évènements autour de l'artiste

MILTON BECERRA

AU CARROUSEL DU LOUVRE

DRAWING NOW PARIS l LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN
STAND A5
>>> Du 25 au 28 Mars 2011 <<<
Carrousel du Louvre, Paris

>>> Vernissage presse le Jeudi 24 Mars à partir de 14h <<<
>>> Vernissage public le Jeudi 24 Mars de 18h30 à 22h <<<

MASQUE - Série : Copiar Cortar. Graphite sur papier Canson , pièce unique,80 x 80 cm. 2004
© Milton Becerra -Galerie 13 Jeannette Mariani. Photo : Eva E. Davier

MASQUE - Détail - Série : Copiar Cortar. Graphite sur papier Canson , pièce unique,80 x 80 cm. 2004
© Milton Becerra -Galerie 13 Jeannette Mariani. Photo : Eva E. Davier


MILTON BECERRA

Per monstra ad astra 1

« LE MASQUE EST LE CHAOS DEVENU CHAIR.
Il est présent devant moi comme un semblable et ce semblable,
qui me dévisage, a pris en lui la figure de ma propre mort :
par cette présence le chaos n'est plus la nature étrangère à l'homme,
mais l'homme lui-même animant de sa douleur et de sa joie ce qui détruit l'homme (…).»
Georges Bataille

Ressuscitant avec force les anciennes figures des dieux indiens peuplant les rives de l'Orénoque, au Vénézuela, les dessins de Milton Becerra ne sont pas, à proprement parler, de simples oeuvres d'art. Ou alors, il faudrait dire qu'elles ne le sont qu'à la condition d'être aussi des objets chargés d'une certaine force spirituelle – d'un certain mana. Car, à l'évidence, ce qui intéresse Becerra dans ces représentations de masques, ce n'est pas seulement de mettre en avant leurs qualités plastiques, mais de nous permettre, aussi, de reprendre contact avec cette « pensée sauvage » qui fascina tant Levi-Strauss, et qui, de nos jours encore, semble être en possession d'un secret que nos sociétés occidentales – au bord de la faillite écologique - auraient bien besoin de retrouver.

Soucieux de préserver l'intégrité de leur habitat et de vivre en conformité avec les esprits de la forêt – les shapiris - les peuples de la forêt Amazonienne célèbrent aujourd'hui encore, sous l'égide des chamanes, des rites en l'honneur des dieux-esprits. Or, qu'est-ce qu'un Dieu-esprit sinon cet étrange état dans lequel un homme – un initié – se couvrant le visage d'un masque, perd peu à peu son identité pour gagner celle de l'animal auquel il rend hommage. Dans un mouvement de dépossession allant de l'homme à l'animal, puis de l'animal à l'esprit qui est en lui, l'initié sort de sa condition pour reprendre contact avec des forces qui le dépassent et auxquelles il se soumet avec humilité.

Le masque n'est donc pas seulement un objet de culte pour celui qui le regarde – ou qui le porte – mais d'abord et avant tout un opérateur de transe : un tremplin capable de propulser l'esprit hors de ses limites tout en le rendant à même d'expérimenter, le temps d'un rituel au moins, son union avec le reste du cosmos. Voilà sans doute la raison pour laquelle les dessins Milton Becerra ne se laissent pas regarder sans susciter, dans l'esprit de celui qui les contemple, un certain effroi. Car du plus profond de leur silence, ils semblent nous inviter à couvrir notre visage de leur formes pour que nous puissions, à notre tour, expérimenter leur mana.
Frédéric-Charles Baitinger

(1) Par les monstres, jusqu'au étoiles...


A LA GALERIE

MILTON BECERRA
ALE'YA

Design Géométrique sur Peaux.
>>> Exposition du 26 Mars au 23 Avril 2011 <<<
>>> Vernissage le Samedi 26 Mars à partir de 14h <<<



ALE'YA, sculptures en peau. Photo : Hamilton Becerra.

BIO

Milton Becerra est né en 1951 au Vénézuela. Il vit et travaille à Paris.

La proposition conceptuelle de Milton Becerra évolue vers l’expérimentation de nouveaux langages et a été saluée entre autres lors de sa participation à la XIe Biennale internationale des jeunes artistes au Musée d’Art Moderne à Paris en 1980, La 41ème Biennale de Venise, et à Documenta 8 de Kassel.

En 2008, Milton Becerra a reçu le prix AICA (Association Internationale des Critiques d’Art).

Cet ancien élève de Rafael Soto et de Cruz Diez, avec lesquels il travailla entre 1974 et 1980, est probablement l'un des artistes plasticiens vénézuéliens majeurs de la scène artistique contemporaine, mais aussi l'un des plus prolifiques de sa génération.

Dans le langage très particulier de sa création, à forte résonance écologique et cosmogonique, l’œuvre de Becerra donne à la nature matière à s’exprimer. Il est connu pour ses installations aériennes où cordages et pierres s’entremêlent pour constituer de larges structures qui, jouant de la pesanteur, mettent en tension la complexité du tressage et l’essence brute des matériaux utilisés.

Milton Becerra propose dans ses œuvres un équilibre entre la civilisation contemporaine et les éléments les plus primitifs et ancestraux dans la culture humaine et l’histoire naturelle.

Les oeuvres de Milton Becerra sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées en France comme à l'étranger.


Milton Becerra vit à l’âge de pierre.
- Texte de Pierre Restany -

Milton BECERRA vit à l’âge de pierre, mais de la pierre cirée plus encore que polie. De la pierre en suspension, prise dans un réseau de fils de chanvre et de cordages tressé qui créent d’étranges chapelets aériens baroques et barbares. L’artiste vit au milieu d’une toile d’araignée dont les sécrétions pétrifiées constituent autant d’astéroïdes-fétiches. Son univers est celui d’un antre clos, une caverne dont la lucarne déboucherait sur une forêt vierge de l’Orénoque.

Le Venezuela a amplement projeté à l’extérieur l’image d’un art géométrique-cinétique qui s’accorderait bien avec le brutalisme de sa nouvelle architecture. Le jeu optique des couleurs sur le ciment, telle était l’image de la modernité du pays à l’apogée de l’ère du pétrole, la traduction de sa richesse industrielle sur le plan des arts plastiques. Milton Becerra appartient à une autre génération vénézuélienne, la nouvelle, celle qui a été beaucoup plus sensible aux contradictions qu’à la logique du système socio-culturel et qui doit affronter aujourd’hui le contexte d’une économie en crise.

Il représente aussi l’autre face de son pays, muette, cachée, immémoriale, celle qui se détourne des gratte-ciels de Caracas et des derricks de Maracaibo, celle qui exprime la réalité du grand fleuve et de la grande forêt, le prolongement de l’Amazonie. Une présence immense et sourde, oblitérée par la façade moderniste et trépidante de la côte atlantique : l’indien de l’Orénoque a appris à tourner le dos à la mer. C’est dans la clandestinité du silence qu’il perpétue sa légende, soeur de la légende amazonienne. Et c’est dans cet esprit du silence que s’élabore, jour après jour l’oeuvre de Milton Becerra. Une oeuvre mystérieuse et rituelle qui est le reflet d’une immense mémoire en voie de disparition et qui ne veut pas mourir. Une oeuvre hors du temps : l’artiste passe des heures et des heures à frotter ses pierres en les imprégnant de cire fondue, de façon à leur communiquer l’infinie douceur de la patine des anciens âges.

L’homme est fort, trapu, maître de soi. Tout est dans le regard profond, vif, d’une extrême acuité: quand il vous fixe, vous ressentez le sang froid de l’immensité verte qui coule dans les veines de Milton Becerra. C’est le sang originel et authentique de sa terre, celui qui continuera à couler au Venezuela une fois tari le brûlant filon d’or noir.

Face à la société de consommation et à son ciment armé Milton Becerra défend et illustre la continuité de l’âge de pierre, il y a là de la magie et de l’exorcisme certes, mais surtout de l’amour et de l’espoir. De l’espoir dans l’Homme.



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