LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI
a le plaisir de vous inviter à
ARTISTS > Gillles Cenazandotti - Gavin Benjamin - Pepe Lopez - Sabrina Montiel Soto -
- Anne Brunet - ESPIRA - U235 - Koharutie -
STAND / BOOTH H3
Anne Brunet & Guillaume Josué
Tout Doit Disparaître.
>>> Exposition du 7 Octobre au 5 Novembre 2011 <<<
>>> Vernissage Jeudi 6 Octobre de 18h00 à 21h00 <<<
Tout Doit Disparaître, 2011, triptyque 200 x ( 3 x 100 ) cm, acrylique, gouache, huile et feuilles d'or sur toile.
Anne Brunet & Guillaume Josué
La conso(u)mmation des signes.
« La révolution est partout où s'instaure un échange qui brise la finalité des modèles, la médiation du code et le cycle consécutif de la valeur. Car le secret d'une parole sociale, d'une révolution, c'est cette volatilisation rigoureuse de toute instance sociale transcendante. (…) La révolution est symbolique ou elle n'est pas. »
Jean Baudrillard
Jean Baudrillard
A l'heure où sonne le glas de nos sociétés vouées à la production et à la consommation de masse (où les menaces écologiques nous forcent à revoir à la baisse nos rêves d'abondances), il n'est plus seulement nécessaire de changer nos habitudes de consommation, mais il est aussi devenu vital de renverser le système de si gnes qui sert, à cette économie, de support. Car s'il est facile de voir que les déchets matériels s'accumulent de manière exponentielle sur toute la surface de la planète, il est tout aussi important de comprendre que l'univers des signes publicitaires qui nous entourent, et qui chaque jour nous abreuvent de leurs slogans, ne cesse pas, lui-aussi, de produire des quantités toujours plus grande de déchets symboliques. La publicité, c'est la décharge des signes, la sédimentation progressive de leur sens : la mise sous tutelle de leur valeur.
Or, face une telle montée des eaux de la propagande (face à une telle paralysie des signifiants flottants), Anne Brunet & Guillaume Josué font figure de guérilléros. Déconstruisant avec un humour non dénué de poésie les mécanismes sur lesquels reposent d'ordinaire le marketing publicitaire (surcodant une image par un slogan, un symbole par une finalité commerciale), ils redonnent à leur spectateur la possibilité d'associer librement une image à un texte, un symbole à son sens et, plus profondément peut-être, un signifié (un concept) à un signifiant (une forme). Mais plutôt que de nous contenter de décrire abstraitement la mécanique sur laquelle repose leurs oeuvres, tentons d'en prendre une au hasard, et d'en comprendre le fonctionnement.
Dans une oeuvre comme « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre », que se passe-t-il exactement ? Pour le savoir, il nous faut d'abord remarquer que ce titre n'est autre que le slogan d'une publicité d'Air France. Autrement dit, avant d'être une phrase quelque peu poétique (et qui n'est pas sans rappeler la description du paradis pour les chrétiens), le spectateur moyen ne pourra s'empêcher d'avoir en tête qu'on cherche à lui vendre quelque chose. Puis, levant les yeux sur l'image elle-même, il esquissera peut-être, alors, un sourire en voyant à la place de l'avion luxueux qu'il s'attendait à voir, l'image d'Astro (le petit robot), portant sur ses épaules Kiki (l'ami des tout petits) et Patrick (la gentille étoile de mer, amie de Bob l'éponge) volant en compagnie d'un dragon ailée (symbole de l'Asie – patrie d'Astro).
Autrement dit, Anne Brunet et Guillaume Josué ne se sont pas seulem ent amusés à reprendre un slogan pour lui donner une illustration « décalée » mais -- réunissant plusieurs codes sémiotiques en un seul espace imaginaire, ils ont su faire des super-héros de leur enfance les figures d'une nouvelle mythologie dont l'ambition (et la portée critique) n'est autre que de pouvoir donner un sens nouveau à ce qui, jusqu'à eux, n'était que la propriété d'une compagnie aérienne ou d'une société de production de manga.
1 Jean Baudrillard, L'anagramme, in L'échange symbolique et la mort, p. 294, Ed. Gallimard, 1976
Texte de Frédéric-Charles Baitinger.
Faire Du Ciel Le Plus Bel Endroit De La Terre, 2011, 160 x 100 cm, acrylique, gouache, huile sur toile.
The Consum(ma)/(p)tion of signs.
“The revolution is everywhere an exchange crops up that shatters the finality of the models, the mediation of the code and the consecutive cycle of value. For the secret of a social parole, of a revolution, is also the anagrammatic dispersal of the instance of power, the rigorous volatilization of every transcendent social instance. (...) The revolution is symbolic or it is not a revolution at all.”
Jean Baudrillard
Now that the death knell has sounded for our societies that are dedicated to production and mass consumption (where ecological threats force us to rethink the basis of our dreams of abundance), it is no longer only necessary to change our consumption habits, but it has also become vital to overthrow the system of signs that supports this economy. For, if it is so easy to see that waste material accumulates so rampantly over the entire surface of our planet, it is also important to understand that the world of advertising signs that surrounds us, each day feeding us their slogans, without end, produces ever-growing quantities of symbolic waste. Advertising is the discharge of signs, the progressive sedimentation of their meaning: the guardian of their value.
However, facing the rising waters of propaganda (full of paralyzed floating signifiers), Anne Brunet and Guillaume Josué are true guerrillas. Deconstructing, with humor not devoid of poetry, the mechanisms underlying the usual market advertising (overcoding an image with a slogan, a symbol brought to its commercialized demise), these artists give back to their viewer the possibility to freely associate an image with a text, a symbol to its meaning, and, perhaps most profoundly, a signified (a concept) to a signifier (a form). Though, rather than simply contenting ourselves through abstractly describing the mechanism underlying their work, let’s try to look at one piece at random, and understand how it functions.
In a work such as “Faire du ciel le plus bel endroit de la terre” (“Making the sky the best place on earth”), what is happening exactly? To find out, we must first remark that the title is none other than an advertising slogan for Air France. In other words, before being read as a somewhat poetic phrase (which is not unlike the description of the Christian “paradise”), the average viewer cannot help but have in mind that we are trying to sell her something. Then, raising her eyes to the image itself, the viewer would perhaps begin to smile in seeing that instead of the luxurious airplane she expects to see, is the image of Astro Boy (the little robot), carrying on his shoulders Kiki the Monkey, and Patrick (the gentle starfish, and best friend of SpongeBob SquarePants) flying in the company of a winged dragon (a symbol of Asia, home to Astro Boy).
In other words, Anne Brunet and Guillaume Josué are not only having fun by appropriating a slogan and giving it an “offset” illustration, but—uniting several semiotic codes in a single imaginary space—they are able to make the superheroes of their childhoods the figures of a new mythology whose ambition (and critical range) is precisely for giving a new meaning to that which, to them, was solely the property of an airline or a Manga production company.
Frédéric-Charles Baitinger / Translation Cassandra Katsiaficas
Anne Brunet & Guillaume Josué
Tout Doit Disparaître.
>>> Exposition du 7 Octobre au 5 Novembre 2011 <<<
>>> Vernissage Jeudi 6 Octobre de 18h00 à 21h00 <<<
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