LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI
présente
Todd NARBEY
Half Past No Return.
>>> Exposition du 11 Mai au 9 Juin 2012 <<<
Todd Narbey
La Revanche de Jonas.
« L'Eternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas,
et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits. »
Jonas 2-4
Jonas 2-4
Si,
il y a maintenant un peu plus d'un siècle, les baleines passaient
encore pour le plus terrible des monstres marins - elles étaient tantôt
ce grand poisson venant manger Jonas, ou bien cette terrible Moby Dick
poursuivant de sa haine le Capitaine Achab – elles ne sont plus,
aujourd'hui, que l'ombre des monstres qu'elles furent. Trophée
vivant de la toute puissance de l'économie, plus-value sanguinaire de la
voracité des hommes : les baleines ne doivent plus leur survie
temporaire qu'au bon vouloir de quelques scientifiques qui, pour les
sauver (au nom même de la logique qui permit leur extermination
massive), ne savent faire autrement que de se poser cette question :
combien vaut la survie de ces mammifères ? Quelle somme d'efforts
sommes-nous prêts à faire, nous – citoyens/consommateurs – pour leur
sauver la vie ?
Half Past No Return, 2010, 180 x 230 cm, huile sur toile. Photo : Daniel Pype.
Or,
en face d'une telle question – dont le cynisme n'a d'égal que la
cruauté – voici ce que les œuvres de Todd Narbey nous répondent : plutôt
que d'essayer de mesurer la valeur de l'espèce baleine, de lui
attribuer, sur le grand échiquier de la diversité, une cotation,
l’imminence de leur extinction ne devrait-elle pas plutôt nous apprendre
que c'est notre système même de valeur qui est en faute, que c'est à
lui que nous devons nous attaquer ? Car si, comme nous le suggère une toile comme And then there will be none
(et comme nous le prouve tous les jours le Japon) il ne sert à rien
d'étudier scientifiquement les baleines – en apprenant à gérer le cycle
de leur vie biologique comme un stock à manager – pour les sauver, que
nous reste-t-il d'autre à faire que de nous ranger du côté de la
spiritualité bouddhiste qui, dès le VIème siècle de notre
ère, en Corée, parvînt à stopper définitivement – au nom d'une certaine
vision de l'homme et de la création – la pèche de ces mammifères ?
Car
il est clair qu'en faisant du monstre qui mangea Jonas une créature à
consommer/protéger, notre civilisation ne nous a pas seulement privée de
la possibilité (mythique) de pouvoir séjourner à l'ombre de ce monstre,
mais elle nous a aussi ôté la possibilité de comprendre que Jonas,
en défiant les commandements de Dieu (en essayant de fuir son jugement)
ne faisait que se fuir lui-même et tenter, par-là, d'échapper à sa voix
intérieure qui ne cessait de lui répéter : ne tue pas celui qui te
ressemble, mais accepte la possibilité que ce soit toi qui puisse avoir
tort.
Frédéric-Charles Baitinger
And Then There Will Be None, 2011, 53 x 46 cm, Gravure 1/16. Photo : Nathalie Jouan.
Todd Narbey
The Revenge of Jonah
" And the Lord appointed a great fish to swallow Jonah,
and Jonah was in the stomach of the fish three days and three nights."
Jonah 1:17
If,
only a little over a century ago, whales were still considered the most
terrifying of all sea monsters - portrayed as the great fish that
swallowed Jonah, or as the terrible Moby Dick pursuing, in hatred,
Captain Ahab - today they are nothing but the shadows of the monsters
they once were. Living trophies of the omnipotence of economy, worth
only as much as the bloodthirsty greed of man - the survival of the
whales balances on the whim of a handful of scientists who, to save them
(in the name of the same logic that permits their massive
extermination), can only ask this question: What is the survival of
these mammals worth? How much effort are we ready to expend (we, the
citizen-consumers) to save the whales?
Here,
faced with such a question - whose cynicism is matched by its cruelty -
is where the work of Todd Narbey responds: rather than trying to
measure the value of the whale species, to attribute to it, in the great
chessboard of diversity, an appraisal, shouldn't the imminence of their
extinction teach us that it is our very own value system that is at
fault, that it is this convention we must attack? For if, as is
suggested by a painting such as "And then there will be none" (and as
Japan proves everyday), the scientific study of whales - learning to
manage their biological life-cycle as if managing stocks - is worthless
to their survival, what is left for us to do but side with Buddhist
spirituality that, since the sixth century A.D. in Korea, succeeded in
stopping completely - in the name of a certain vision of man and
création - the hunting of these mammals?
For
it is clear that if we turn the monster that ate Jonah into a creature
that must be consumed/protected, we not only deprive our civilization of
the (mythical) possibility to voyage into the shadow of this monster,
we also eliminate the opportunity to understand that Jonah, defying the
commandments of God (while trying to escape his judgement), did nothing
but escape himself, in an attempt to evade his inner voice that echoed
in his soul: do not kill the one who resembles you, but accept the
possibility that it may be you who is wrong.
Frédéric-Charles Baitinger
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