mercredi 1 septembre 2010

PEPE LOPEZ - OXYGONE PUNK & THE GOSSIP LINES SERIE -










De la profondeur en sculpture par Frédéric-Charles Baitinger.

« L'histoire de l'art peut-être considérée comme la fabrication des passe partout destinés à forcer les mystérieuses serrures des sens, dont la nature seule détenait primordialement la clef. (…) Comme le cambrioleur de coffres-forts, l’artiste ne connaît pas les détails de la combinaison. Il procède à tâtons, par geste tactile, pour que le rouage cède. »
Ernest Gombrich

Les installations géométriques de Pepe Lopez ne sont ni des sculptures, ni des bas reliefs, ni moins encore de simples objets décoratifs. Jouant avec nos attentes perceptives comme d'autres pratiquent le mot d'esprit, ces œuvres hybrides nous invitent à plonger dans leur dédale anamorphique ; à nous laisser happer par le souffle qui les anime - nous forçant ainsi à ne plus considérer leurs formes comme des entités stables et définies, mais bien plutôt comme de purs puissances dynamiques capables d’agir directement sur notre esprit.

Ni tout à fait abstraites, ni vraiment figuratives, leurs structures semblent vouloir se perdre dans le miroitement des ombres qu'elles produisent. Entre l’œuvre et son reflet où devenons-nous faire porter notre attention ? Dans quel espace ; dans quel non-lieu haptique ? Et si, à travers ces constructions plastiques – mêlant science et poésie, Pepe Lopez ne cherchait pas seulement à fondre en une forme syncrétique le chaos et l’ordre – (le symbole et la nature) mais plus sobrement peut-être, à inventer une nouvelle approche visuelle de la profondeur en sculpture ?

A l’instar d’un Kurt Schwitters faisant de l’espace même de sa maison le lieu d’une expérience sculpturale totale, Pepe Lopez propulse ses constructions hors de leur schématisme; il les libère de l’espace structuré d’où provenaient leurs formes géométriques pour les rendre à la liberté poético-mathématique sans laquelle l’abstraction n’est qu’une forme vide – autrement dit, une forme qui n’interroge pas de l’intérieur notre rapport au visible en nous permettant de la voir autrement.

Frédéric-Charles Baitinger