jeudi 6 octobre 2011

SLICK ART FAIR AND SHOW AT THE GALLERY

LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI
a le plaisir de vous inviter à

SLICK ART FAIR >


ARTISTS > Gillles Cenazandotti - Gavin Benjamin - Pepe Lopez - Sabrina Montiel Soto -
- Anne Brunet - ESPIRA - U235 - Koharutie -
STAND / BOOTH H3

TONIGHT AT THE GALLERY >

Anne Brunet & Guillaume Josué
Tout Doit Disparaître.
>>> Exposition du 7 Octobre au 5 Novembre 2011 <<<
>>> Vernissage Jeudi 6 Octobre de 18h00 à 21h00 <<<
Tout Doit Disparaître, 2011, triptyque 200 x ( 3 x 100 ) cm, acrylique, gouache, huile et feuilles d'or sur toile.

Anne Brunet & Guillaume Josué
La conso(u)mmation des signes.

« La révolution est partout où s'instaure un échange qui brise la finalité des modèles, la médiation du code et le cycle consécutif de la valeur. Car le secret d'une parole sociale, d'une révolution, c'est cette volatilisation rigoureuse de toute instance sociale transcendante. (…) La révolution est symbolique ou elle n'est pas. »
Jean Baudrillard


A l'heure où sonne le glas de nos sociétés vouées à la production et à la consommation de masse (où les menaces écologiques nous forcent à revoir à la baisse nos rêves d'abondances), il n'est plus seulement nécessaire de changer nos habitudes de consommation, mais il est aussi devenu vital de renverser le système de si
gnes qui sert, à cette économie, de support. Car s'il est facile de voir que les déchets matériels s'accumulent de manière exponentielle sur toute la surface de la planète, il est tout aussi important de comprendre que l'univers des signes publicitaires qui nous entourent, et qui chaque jour nous abreuvent de leurs slogans, ne cesse pas, lui-aussi, de produire des quantités toujours plus grande de déchets symboliques. La publicité, c'est la décharge des signes, la sédimentation progressive de leur sens : la mise sous tutelle de leur valeur.

Or, face une telle montée des eaux de la propagande (face à une telle paralysie des signifiants flottants), Anne Brunet & Guillaume Josué font figure de guérilléros. Déconstruisant avec un humour non dénué de poésie les mécanismes sur lesquels reposent d'ordinaire le marketing publicitaire (surcodant une image par un slogan, un symbole par une finalité commerciale), ils redonnent à leur spectateur la possibilité d'associer librement une image à un texte, un symbole à son sens et, plus profondément peut-être, un signifié (un concept) à un signifiant (une forme). Mais plutôt que de nous contenter de décrire abstraitement la mécanique sur laquelle repose leurs oeuvres, tentons d'en prendre une au hasard, et d'en comprendre le fonctionnement.

Dans une oeuvre comme « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre », que se passe-t-il exactement ? Pour le savoir, il nous faut d'abord remarquer que ce titre n'est autre que le slogan d'une publicité d'Air France. Autrement dit, avant d'être une phrase quelque peu poétique (et qui n'est pas sans rappeler la description du paradis pour les chrétiens), le spectateur moyen ne pourra s'empêcher d'avoir en tête qu'on cherche à lui vendre quelque chose. Puis, levant les yeux sur l'image elle-même, il esquissera peut-être, alors, un sourire en voyant à la place de l'avion luxueux qu'il s'attendait à voir, l'image d'Astro (le petit robot), portant sur ses épaules Kiki (l'ami des tout petits) et Patrick (la gentille étoile de mer, amie de Bob l'éponge) volant en compagnie d'un dragon ailée (symbole de l'Asie – patrie d'Astro).

Autrement dit, Anne Brunet et Guillaume Josué ne se sont pas seulem
ent amusés à reprendre un slogan pour lui donner une illustration « décalée » mais -- réunissant plusieurs codes sémiotiques en un seul espace imaginaire, ils ont su faire des super-héros de leur enfance les figures d'une nouvelle mythologie dont l'ambition (et la portée critique) n'est autre que de pouvoir donner un sens nouveau à ce qui, jusqu'à eux, n'était que la propriété d'une compagnie aérienne ou d'une société de production de manga.


1 Jean Baudrillard, L'anagramme, in L'échange symbolique et la mort, p. 294, Ed. Gallimard, 1976
Texte de Frédéric-Charles Baitinger.

Faire Du Ciel Le Plus Bel Endroit De La Terre, 2011, 160 x 100 cm, acrylique, gouache, huile sur toile.
The Consum(ma)/(p)tion of signs.


“The revolution is everywhere an exchange crops up that shatters the finality of the models, the mediation of the code and the consecutive cycle of value. For the secret of a social parole, of a revolution, is also the anagrammatic dispersal of the instance of power, the rigorous volatilization of every transcendent social instance. (...) The revolution is symbolic or it is not a revolution at all.”
Jean Baudrillard


Now that the death knell has sounded for our societies that are dedicated to production and mass consumption (where ecological threats force us to rethink the basis of our dreams of abundance), it is no longer only necessary to change our consumption habits, but it has also become vital to overthrow the system of signs that supports this economy. For, if it is so easy to see that waste material accumulates so rampantly over the entire surface of our planet, it is also important to understand that the world of advertising signs that surrounds us, each day feeding us their slogans, without end, produces ever-growing quantities of symbolic waste. Advertising is the discharge of signs, the progressive sedimentation of their meaning: the guardian of their value.

However, facing the rising waters of propaganda (full of paralyzed floating signifiers), Anne Brunet and Guillaume Josué are true guerrillas. Deconstructing, with humor not devoid of poetry, the mechanisms underlying the usual market advertising (overcoding an image with a slogan, a symbol brought to its commercialized demise), these artists give back to their viewer the possibility to freely associate an image with a text, a symbol to its meaning, and, perhaps most profoundly, a signified (a concept) to a signifier (a form). Though, rather than simply contenting ourselves through abstractly describing the mechanism underlying their work, let’s try to look at one piece at random, and understand how it functions.

In a work such as “Faire du ciel le plus bel endroit de la terre” (“Making the sky the best place on earth”), what is happening exactly? To find out, we must first remark that the title is none other than an advertising slogan for Air France. In other words, before being read as a somewhat poetic phrase (which is not unlike the description of the Christian “paradise”), the average viewer cannot help but have in mind that we are trying to sell her something. Then, raising her eyes to the image itself, the viewer would perhaps begin to smile in seeing that instead of the luxurious airplane she expects to see, is the image of Astro Boy (the little robot), carrying on his shoulders Kiki the Monkey, and Patrick (the gentle starfish, and best friend of SpongeBob SquarePants) flying in the company of a winged dragon (a symbol of Asia, home to Astro Boy).

In other words, Anne Brunet and Guillaume Josué are not only having fun by appropriating a slogan and giving it an “offset” illustration, but—uniting several semiotic codes in a single imaginary space—they are able to make the superheroes of their childhoods the figures of a new mythology whose ambition (and critical range) is precisely for giving a new meaning to that which, to them, was solely the property of an airline or a Manga production company.


Frédéric-Charles Baitinger / Translation Cassandra Katsiaficas

Anne Brunet & Guillaume Josué
Tout Doit Disparaître.

>>> Exposition du 7 Octobre au 5 Novembre 2011 <<<
>>> Vernissage Jeudi 6 Octobre de 18h00 à 21h00 <<<


Métro Concorde, sortie Cambon. Parking : 38, rue du Mont Thabor 75001 PARIS.

mardi 12 juillet 2011

CARMEN RAMIREZ - Corps Dédoublés -

LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI

présente


PASSAGE DE RETZ >>
NOT FOR SALE

Jacqueline Frydman, directrice du Passage de Retz,
invite les galeries parisiennes à lui prêter l'oeuvre
dont elles ne voudraient jamais se séparer.

Venez découvrir l'oeuvre que chaque galeriste a choisi... de ne pas vendre...

Exposition du 13 Juillet au 18 Septembre 2011.
PASSAGE DE RETZ
9 Rue Charlot
75003 Paris


A LA GALERIE >>
>> Exposition jusqu'au 17 Septembre 2011 <<

CARMEN RAMIREZ
Corps Dédoublés.

Une proposition de Patricia Avena Navarro.


Vues de l'exposition.



EDITIONS : e-boutik >


La Galerie sera fermée du Samedi 23 Juillet au Mardi 23 Août 2011.


Métro Concorde, sortie Cambon. Parking : 38, rue du Mont Thabor 75001 PARIS.

mercredi 4 mai 2011


LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI
présente

KOHARUTIE
L'ENFANT DU PRINTEMPS.

Exposition du 27 Mai au 2 Juillet 2011
Vernissage Jeudi 26 Mai de 18h00 à 21h00


LOLYTULIP
- Aquarelle sur papier
, 21 x 30 cm, 2004.


KOHARUTIE

né en 1977
vit et travaille à Hiroshima.

Explorant l’envers émotionnel des illustrations pour enfant, Koharutie transgresse les codes d’un genre pour en inventer un nouveau : l’Émo-Pop Art, ou l’art de donner forme à ses angoisses à partir d’images faites pour exprimer de tout autres sentiments. Mêlant la naïveté la plus féconde à l’introspection la plus sévère, les oeuvres ainsi créées reflètent les paradoxes de notre époque.

Koharutie (en français, « l’enfant du printemps ») cherche à faire de ses blessures d’enfant, le point de départ de sa renaissance.



NOTHING - Aquarelle sur papier, 61 x 46 cm, 2011.


FLORAL EXPECTING - Aquarelle sur papier, 61 x 46 cm, 2011.





KOHARUTIE

L'innocence meurtrie.


« O chers enfants des hommes,
dans quelque île, dans quelque lieu que vous habitiez,
et quelque nom que vous portiez, remarquez ceci.
Le Dieu du ciel et de la terre qui soutient notre corps et notre âme
nous appelle tous dans un seul amour. »

Jacob Boehme


Le propre de l’enfance est d’être à l’image de la passion. Autrement dit, de vivre chaque instant de l’existence comme s’il pouvait être le dernier. C’est pourquoi, les enfants ne vivent pas exactement dans le même monde que celui des adultes, mais dans un espace érotique où le rêve se mêle à la réalité sans pour autant que ces deux termes soient clairement dissociés. Voilà, sans doute, la raison pour laquelle les dessins de Koharutie ne nous présentent pas seulement l’image d’une petite fille au coeur meurtri, mais bien aussi, le combat de l’innocence luttant contre les cauchemars dans lesquels s’enfonce – chaque jour un peu plus - la vie des adultes.

«Si j’utilise mes émotions et la force de la vie comme de la terre et des graines que j’arrose, alors, sur le papier, fleurira naturellement ce qui doit fleurir. Naîtra ce qui voudra naître. »

Plongeant son pinceau dans les mille et une couleur de son émotivité, chaque oeuvre de Koharutie est d’abord et avant tout le fruit d’une âme ayant choisi de ne pas renoncer à sa vérité intérieure. Se servant du dessin comme d’un instrument lui permettant de se connaître lui-même, les métamorphoses des figures enfantines qui hantent son univers sont comme autant d’images nous révélant les multiples drames que traverse le coeur de cet artiste poète.

« Pour moi qui regarde, si les enfants sont tristes, moi aussi, je suis triste, si les enfants souffrent, moi aussi, je souffre. Les enfants se projettent en moi et me voilà redevenu comme un enfant.»

Le visage tantôt couronné d’un poisson chat, tantôt transpercé par une tête de mort, quels que soient les évènements qui affectent ces figures de l’âge tendre, une chose demeure à peu près constante : quel que soit le degré de souffrance qui les oppresse, quelle que soit la violence des visions qui les emprisonnent, c‘est toujours à notre part d’humanité la plus essentielle que ces enfants s’adressent, et que leur innocence tente de maintenir en éveil. Car, comme le dit si bien Jacob Boehme : « Les enfants sont nos maîtres d’école; avec notre sagacité, nous sommes des fous auprès d’eux.»

Frédéric-Charles Baitinger


KOHARUTIE
L'ENFANT DU PRINTEMPS.

Exposition du 27 Mai au 2 Juillet 2011
Vernissage Jeudi 26 Mai de 18h00 à 21h00

Métro Concorde, sortie Cambon. Parking : 38, rue du Mont Thabor 75001 PARIS.





lundi 11 avril 2011

NEWSLETTER - SPRING 2011 -



LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI

présente


PONTAL DE MACEIO

ANNE BRUNET
Nossa Senhora de Graça
Eglise de Pontal de Maceio.

NOSSA SENHORA DE GRAÇA, fresque et installation, Eglise de Pontal de Maceio, Brésil, 2011.


NOSSA SENHORA DE GRAÇA, fresque et installation, Eglise de Pontal de Maceio, Brésil, 2011.

Installation offerte à l'Église de Pontal de Maceio, grâce aux activités de mécénat de La Vila Selvagem, hôtel contemporain, créé par Jean-Michel Chaufour et Célian Chaufour à Pontal de Maceio, dans l'Etat du Céara, participant à la promotion des artistes locaux et internationaux.



EDITIONS : e-boutik



Métro Concorde, sortie Cambon. Parking : 38, rue du Mont Thabor 75001 PARIS.




lundi 28 mars 2011

MILTON BECERRA > DRAWING NOW ART FAIR MARCH 2011






PHOTOS : HAMILTON BECERRA

mardi 22 mars 2011

MILTON BECERRA > DRAWING NOW + GALLERY SOLO SHOW.

LA GALERIE 13 JEANNETTE MARIANI

présente 2 évènements autour de l'artiste

MILTON BECERRA

AU CARROUSEL DU LOUVRE

DRAWING NOW PARIS l LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN
STAND A5
>>> Du 25 au 28 Mars 2011 <<<
Carrousel du Louvre, Paris

>>> Vernissage presse le Jeudi 24 Mars à partir de 14h <<<
>>> Vernissage public le Jeudi 24 Mars de 18h30 à 22h <<<

MASQUE - Série : Copiar Cortar. Graphite sur papier Canson , pièce unique,80 x 80 cm. 2004
© Milton Becerra -Galerie 13 Jeannette Mariani. Photo : Eva E. Davier

MASQUE - Détail - Série : Copiar Cortar. Graphite sur papier Canson , pièce unique,80 x 80 cm. 2004
© Milton Becerra -Galerie 13 Jeannette Mariani. Photo : Eva E. Davier


MILTON BECERRA

Per monstra ad astra 1

« LE MASQUE EST LE CHAOS DEVENU CHAIR.
Il est présent devant moi comme un semblable et ce semblable,
qui me dévisage, a pris en lui la figure de ma propre mort :
par cette présence le chaos n'est plus la nature étrangère à l'homme,
mais l'homme lui-même animant de sa douleur et de sa joie ce qui détruit l'homme (…).»
Georges Bataille

Ressuscitant avec force les anciennes figures des dieux indiens peuplant les rives de l'Orénoque, au Vénézuela, les dessins de Milton Becerra ne sont pas, à proprement parler, de simples oeuvres d'art. Ou alors, il faudrait dire qu'elles ne le sont qu'à la condition d'être aussi des objets chargés d'une certaine force spirituelle – d'un certain mana. Car, à l'évidence, ce qui intéresse Becerra dans ces représentations de masques, ce n'est pas seulement de mettre en avant leurs qualités plastiques, mais de nous permettre, aussi, de reprendre contact avec cette « pensée sauvage » qui fascina tant Levi-Strauss, et qui, de nos jours encore, semble être en possession d'un secret que nos sociétés occidentales – au bord de la faillite écologique - auraient bien besoin de retrouver.

Soucieux de préserver l'intégrité de leur habitat et de vivre en conformité avec les esprits de la forêt – les shapiris - les peuples de la forêt Amazonienne célèbrent aujourd'hui encore, sous l'égide des chamanes, des rites en l'honneur des dieux-esprits. Or, qu'est-ce qu'un Dieu-esprit sinon cet étrange état dans lequel un homme – un initié – se couvrant le visage d'un masque, perd peu à peu son identité pour gagner celle de l'animal auquel il rend hommage. Dans un mouvement de dépossession allant de l'homme à l'animal, puis de l'animal à l'esprit qui est en lui, l'initié sort de sa condition pour reprendre contact avec des forces qui le dépassent et auxquelles il se soumet avec humilité.

Le masque n'est donc pas seulement un objet de culte pour celui qui le regarde – ou qui le porte – mais d'abord et avant tout un opérateur de transe : un tremplin capable de propulser l'esprit hors de ses limites tout en le rendant à même d'expérimenter, le temps d'un rituel au moins, son union avec le reste du cosmos. Voilà sans doute la raison pour laquelle les dessins Milton Becerra ne se laissent pas regarder sans susciter, dans l'esprit de celui qui les contemple, un certain effroi. Car du plus profond de leur silence, ils semblent nous inviter à couvrir notre visage de leur formes pour que nous puissions, à notre tour, expérimenter leur mana.
Frédéric-Charles Baitinger

(1) Par les monstres, jusqu'au étoiles...


A LA GALERIE

MILTON BECERRA
ALE'YA

Design Géométrique sur Peaux.
>>> Exposition du 26 Mars au 23 Avril 2011 <<<
>>> Vernissage le Samedi 26 Mars à partir de 14h <<<



ALE'YA, sculptures en peau. Photo : Hamilton Becerra.

BIO

Milton Becerra est né en 1951 au Vénézuela. Il vit et travaille à Paris.

La proposition conceptuelle de Milton Becerra évolue vers l’expérimentation de nouveaux langages et a été saluée entre autres lors de sa participation à la XIe Biennale internationale des jeunes artistes au Musée d’Art Moderne à Paris en 1980, La 41ème Biennale de Venise, et à Documenta 8 de Kassel.

En 2008, Milton Becerra a reçu le prix AICA (Association Internationale des Critiques d’Art).

Cet ancien élève de Rafael Soto et de Cruz Diez, avec lesquels il travailla entre 1974 et 1980, est probablement l'un des artistes plasticiens vénézuéliens majeurs de la scène artistique contemporaine, mais aussi l'un des plus prolifiques de sa génération.

Dans le langage très particulier de sa création, à forte résonance écologique et cosmogonique, l’œuvre de Becerra donne à la nature matière à s’exprimer. Il est connu pour ses installations aériennes où cordages et pierres s’entremêlent pour constituer de larges structures qui, jouant de la pesanteur, mettent en tension la complexité du tressage et l’essence brute des matériaux utilisés.

Milton Becerra propose dans ses œuvres un équilibre entre la civilisation contemporaine et les éléments les plus primitifs et ancestraux dans la culture humaine et l’histoire naturelle.

Les oeuvres de Milton Becerra sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées en France comme à l'étranger.


Milton Becerra vit à l’âge de pierre.
- Texte de Pierre Restany -

Milton BECERRA vit à l’âge de pierre, mais de la pierre cirée plus encore que polie. De la pierre en suspension, prise dans un réseau de fils de chanvre et de cordages tressé qui créent d’étranges chapelets aériens baroques et barbares. L’artiste vit au milieu d’une toile d’araignée dont les sécrétions pétrifiées constituent autant d’astéroïdes-fétiches. Son univers est celui d’un antre clos, une caverne dont la lucarne déboucherait sur une forêt vierge de l’Orénoque.

Le Venezuela a amplement projeté à l’extérieur l’image d’un art géométrique-cinétique qui s’accorderait bien avec le brutalisme de sa nouvelle architecture. Le jeu optique des couleurs sur le ciment, telle était l’image de la modernité du pays à l’apogée de l’ère du pétrole, la traduction de sa richesse industrielle sur le plan des arts plastiques. Milton Becerra appartient à une autre génération vénézuélienne, la nouvelle, celle qui a été beaucoup plus sensible aux contradictions qu’à la logique du système socio-culturel et qui doit affronter aujourd’hui le contexte d’une économie en crise.

Il représente aussi l’autre face de son pays, muette, cachée, immémoriale, celle qui se détourne des gratte-ciels de Caracas et des derricks de Maracaibo, celle qui exprime la réalité du grand fleuve et de la grande forêt, le prolongement de l’Amazonie. Une présence immense et sourde, oblitérée par la façade moderniste et trépidante de la côte atlantique : l’indien de l’Orénoque a appris à tourner le dos à la mer. C’est dans la clandestinité du silence qu’il perpétue sa légende, soeur de la légende amazonienne. Et c’est dans cet esprit du silence que s’élabore, jour après jour l’oeuvre de Milton Becerra. Une oeuvre mystérieuse et rituelle qui est le reflet d’une immense mémoire en voie de disparition et qui ne veut pas mourir. Une oeuvre hors du temps : l’artiste passe des heures et des heures à frotter ses pierres en les imprégnant de cire fondue, de façon à leur communiquer l’infinie douceur de la patine des anciens âges.

L’homme est fort, trapu, maître de soi. Tout est dans le regard profond, vif, d’une extrême acuité: quand il vous fixe, vous ressentez le sang froid de l’immensité verte qui coule dans les veines de Milton Becerra. C’est le sang originel et authentique de sa terre, celui qui continuera à couler au Venezuela une fois tari le brûlant filon d’or noir.

Face à la société de consommation et à son ciment armé Milton Becerra défend et illustre la continuité de l’âge de pierre, il y a là de la magie et de l’exorcisme certes, mais surtout de l’amour et de l’espoir. De l’espoir dans l’Homme.